
La fabrique des souvenirs
Quand j’étais petite ma mère avait rempli un petit album bébé avec toutes mes premières fois, mes premiers mots, les petites choses que je faisais, quelques photos.
J’adoooorais lire cet album avec elle j’avais l’impression que c’était une sorte de livre sur ma vie.
Depuis que mon fils est né je me fais un devoir de documenter tout ce qu’il fait. Pour lui, pour moi, pour la famille.
J’ai d’abord décidé de ne pas faire de photos trop “léchées” comme j’avais l’habitude de faire depuis 10 ans.
D’abord parce que (j’ai bien essayé) mais c’était épuisant de le faire poser bébé et en plus ça lui plaisait pas du tout. Plus le temps qu’il fallait pour se mettre devant un joli cadre ou un fond neutre dans mon mini appart j’ai vite laissé tomber.
Par flemme, par désir de pas l’emmerder avec ça aussi. Mais aussi et surtout parce que je voulais de “vrais souvenirs”.
J’ai beaucoup de photos de moi enfant, ma mère adorait ça, elle avait un super appareil réflex et elle faisait de magnifiques photos, souvent très “posées”.
On a donc assez peu de photos de famille moche avec le bordel autour, les gens qui regardent pas l’objectif, etc…
Aujourd’hui je me rends compte que ce sont ces photos moches et mal cadrées que j’aime le plus car on y trouve plein de détails de la vie quotidienne.
Un peu comme quand ado je regardais un film sur une VHS et qu’au beau milieu il y avait des pubs qui dataient d’il y a 5 ans. Ces vieilles pubs qu’on voyait tout le temps 5 ans auparavant étaient hyper amusantes à regarder 5 ans plus tard.
Ça me fait le même effet quand je tombe sur des photos moches de mon enfance chez un membre de ma famille : j’adore voir tous ces détails qui témoignent de milles choses que j’avais oubliées.
Alors avec mon fils je fais plus de photos et de vidéos prises sur le vif que les photos “parfaites” que je me suis évertuée à faire ces 10 dernières années.
Et j’adore revoir les photos des premières semaine avec lui où l’appart est dans un bordel sans nom.
Nos gueules de déterrés avec mon mec
C’est la vraie vie.
Mais récemment je me suis beaucoup interrogée sur ce devoir de mémoire que je m’étais assigné, comme si j’avais déjà pas assez de charge mentale haha.
Voilà comment j’alimente depuis sa naissance la machine à souvenirs de mon fils, mes petites techniques pour avoir de chouettes photos, ma crainte de trop en faire et comment j’ai changé mon fusil d’épaule pour calmer ma collection compulsive d’images qui me tourmente depuis toujours.