
Ma découverte des applis de rencontre
Oui ça peut sembler un peu naïf, mais j’ai fait la découverte des applis de rencontre l’an dernier quelques 12 ans après tout le monde…
Oui 12 ans, je date ça à l’arrivée de Tinder même si y avait Meetic et autre Adopte un mec la dernière fois que j’étais célibataire.
Mais l’appli à la flamme et au légendaire swipe à droite avait tout changé à l’époque, et je me souviens que je regardais mes potes l’utiliser avec amusement sans pouvoir essayer car je venais de commencer ma relation avec mon ex.
Ça avait l’air d’un jeu.
Je n’avais pas voulu aller sur les applis pendant mais 6 petits mois de célibat quand je me suis séparée de mon ex mari parce que je trouvais ça un peu “vieux jeu” ambiance “agence matrimoniale”.
Et mes copines de l’époques m’avaient raconté tellement de rendez vous malaisants obtenus via Adopte un mec que je m’étais complètement détournée de cette possibilité.
(En plus on m’envoyait de temps en temps des profils bizarres de meufs utilisant mes photos, j’en ai retrouvé une ici, pour moi c’était vraiment une plateforme à éviter)
Ma connaissance des applis de rencontre se limitait à peu près à ça en 2024…
J’ai donc un peu rechigné à y aller au début.
J’ai toujours eu un problème avec le côté “supermarché” des applis de rencontre, je trouve que ça biaise énormément le rapport à l’autre, et que dans la société de consommation dans laquelle on vit l’autre devient un truc de plus qu’on “consomme” sans vergogne et je trouve ça déshumanisant au possible.
Rien de bien exceptionnel hein, je suis pas la seule que ça met mal à l’aise :
Les sites et applis de rencontre mettent au défi les imaginaires amoureux, marqués par les codes de l’amour romantique qui émergent au 19ème siècle. C’est par exemple l’idée que l’amour est aveugle et désintéressé, que la rencontre est fortuite et que l’amour devrait nous tomber dessus – la recherche active de partenaire est considérée elle-même comme suspecte.
Parce qu’elles allaient à l’encontre de ces imaginaires, les petites annonces et les agences matrimoniales n’ont jamais vraiment marché. Les applis de rencontre ont été l’objet des mêmes critiques, avec l’idée qu’une rationalisation inédite allait corrompre nos relations intimes. En fait, ces nouveaux services collent mal non pas avec la pratique de l’amour, mais avec ses représentations.
Marie Bergström – Les nouvelles lois de l’amour
D’autant que j’ai assez lu combien les applis de rencontre font tout pour frustrer les hommes pour qu’ils prennent les options payantes (parce qu’ils y sont en plus grand nombre et que les dés sont pipés) et que ça en rend certains ultra pushy et agressifs, voire manipulateurs.
Le fait de ”swiper”, de décider de la valeur de quelqu’un en deux secondes, n’a rien d’anodin. Ajoutant à cela que les hommes et les femmes vivent des expériences opposées aggrave le phénomène. Imaginez : les femmes savent que quand elles “likent” un profil, il y a de fortes chances qu’elles soient “likées” en retour. Et elles savent qu’elles ne peuvent pas “matcher” à la légère car elles prennent un risque à chaque fois. Elles deviennent de plus en plus sévères dans leur jugement, avec très peu d’informations à leur disposition, ce qui les pousse à des jugements superficiels. Les hommes feraient pareil dans leur situation.
Judith Duportail pour Le Monde – Sur Tinder, les hommes et les femmes évoluent dans des mondes parallèles
Et puis je trouvais ça terriblement gênant de choisir des photos de moi et me présenter sur une application de rencontre dans le but de séduire, j’imaginais des amis ou des gens qui me suivent sur les réseaux tomber sur mon profil.
Je me sentais mal rien que d’y penser.
D’autant que j’avais pas spécialement encore envie que ça se sache que j’avais rompu…
Jusqu’à ce que je découvre que la plupart des applis proposaient d’avoir un compte “incognito” : seulement les personnes qui me plaisaient pouvaient voir mon profil.
“Ah cool” me suis-je dit, “en plus comme tu es timide, aborder quelqu’un sur un terrain que tu maîtrise bien (l’écrit) bien au chaud dans ton canapé, sans risquer de regarder tes pieds parce que tu es gênée finalement ce serait pas le truc parfait pour toi ?”
Et ça plus la grande curiosité que ces applis m’ont quand même au fond toujours inspiré ont fait sauter le verrou de ma timidité.
(Non non non pas que ça ahem arrête de mentir, tu avais aussi très envie de savoir ce que tu valais sur le marché du célibat pour te rassurer sur ton pouvoir de séduction ma fille).
J’ai donc fait comme je fais avec tout : je m’y suis mise avec assiduité comme la première de la classe que je suis en commençant par comparer les applications pour choisir la bonne, celle sur laquelle je me sentirais à l’aise.
Et j’ai jeté mon dévolu sur Bumble parce que c’était vendu comme l’appli imaginée pour les femmes par une femme, je m’y sentais à peu près en sécurité et je trouvais l’ergonomie agréable.
J’ai passé à peu près 3000h à faire ma fiche produit parce que j’ai toujours été extrêmement gênée par la séduction : je voulais être attirante sans avoir l’air de trop en faire, avoir l’air intelligente sans me la péter et surtout être à 3000% moi même le tout avec 5 photos et 400 caractères espaces compris.
Si l’influence m’a appris quelque chose c’est que ça sert à rien dans la vie de prétendre être qui on n’est pas, qu’on n’attire pas les bonnes personnes et que c’est une perte de temps pour tout le monde.
On nous apprend à plaire à un maximum de gens mais c’est vraiment lancer un filet dans la mer pour pêcher, tu ramasses de tout et surtout ce qui t’intéresse pas, moi je préfère aller droit au but avec ma petite ligne.
Je me suis donc fait une fiche produit en insistant bien sur le fait que j’étais un produit segmentant comme on dit en marketing.
Et ma description n’a pas changé d’un poil depuis :
Je suis une grosse nerd, passion jeux (jeu de rôle grandeur nature, risk, tarot…)
Timide extravertie, j’aime bien discuter ici
Très 2nd degré, très féministe et très à gauche
Photos & vidéo moisson de l’année
J’ai bien sûr ajouté une vidéo de roller, j’ai précisé que j’avais un enfant et que j’en voulais pas d’autre, que j’en pouvais plus des mecs qui m’expliquent la vie, que j’aimais l’enthousiasme et que je savais pas ce que je cherchais précisément.
La vérité rien que la vérité votre honneur.
Comme ça j’étais sûre de repousser les mecs de droite, ceux qui cherchaient quelque chose de sérieux, et ceux qui ont un problème avec le féminisme, l’écrémage se ferait de lui même (me disais-je…)
Une fois ma fiche prête personne pouvait la voir tant que j’avais liké aucun profil alors je me suis lancée.
Là grosse douche froide : j’avais l’impression qu’on me proposait que des CEO, managers de start up growth mindset et autres cadres sup de droite qui commencent leur journée avec une morning routine méditation-smoothie-jogging-journaling, qui vivent torse nu 80% de l’année ou en retraite surfing and good vibes pour le team spirit.
Bumble c’était un peu le Linkedin de l’appli de rencontre en terme de population.
J’ai failli me barrer, mais ouf j’ai découvert les filtres : à gauche toute mon capitaine.
Ouf, enfin des profils un peu marrants, un peu moins premier degrés et surtout pas de cols blancs.
Et là, moi qui suis pourtant loin d’être une fracture numérique j’ai fait le truc le plus débile qui soit : j’ai confondu ma droite de ma gauche, liké des profils qui me plaisaient pas et dégagé ceux qui me plaisaient.
Ambiance mon père sur Facebook.

Ce moment de solitude extrême passé, et à peu près 3 jours après m’être décidée à m’inscrire sur une appli j’ai enfin liké le premier profil qui me plaisait, puis 5, puis 10, puis 20.
J’ai passé un temps exagérément long à regarder chaque profil, chaque photo, chaque petite détail des présentations quand quelqu’un me plaisait un tant soit peu sur la première photo.
J’adore analyser la façon dont les gens se présentent, je trouve que ça en dit très long sur eux.
Je suis même allée voir les sites qui donnent des conseils aux hommes pour remplir leurs profils pour voir ceux qui avaient l’air de les avoir suivi ou pas histoire de bien faire ma maline jusqu’au bout.
Et j’ai commencé une petite collection de copies écrans de profils qui me faisaient rire parce que le mec était super con / doutait de rien / se la racontait à mort. J’ai ramassé comme ça quelques pépites, que je me garderais bien de partager publiquement parce que c’est pas sympa, mais que je partage avec mes copines.
Ça y est j’étais plus 100% n00b, j’étais plus en terre inconnue, j’étais à l’aise.
Je me suis alors sentie conquérante et ai décidé d’installer une autre appli qu’on m’avait vendue comme étant “pour les saltimbanque à hobbies chelous de gauche comme toi” et qui avait aussi l’option “incognito” : OK Cupid.
J’ai RE-passé 3000h à écrire mon profil (puisque sur Ok Cupid tu peux écrire tes mémoires en 5 volumes pour te présenter et répondre à 4000 questions pour savoir les points de compatibilité que tu as avec l’autre (haha mes fesses, j’ai vu comme ça un mec que je déteste avec 98% de compatibilité)).
J’ai bien sûr mis d’autres photos de moi, j’avais pas envie d’avoir l’air comme ces apparts que tu vois sur tous les sites de location/vente et dont tu reconnais les clichés qui crient à 1000km que personne en veut.
Le soir quand j’ai re-ouvert les applis j’étais surprise de voir que j’avais genre 10 matchs.
Mon ego a reçu un tel rayon de soleil que je me suis dit “houlaaaaaa le truc doit être hyper addictif, je sens que l’appli m’envoie un premier shoot pour me retenir prisonnière ici à jamais ensuite”.
Et je savais pas comment aborder la suite et faire éventuellement le premier pas a.k.a ma némésis, ma kryptonite.
Encore que, moi qui ai toujours été une gourde infinie avec ça, il me semblait que c’était pas tant la mort de me prendre un vent en ligne, après tout ça allait juste se perdre dans l’espace numérique sans que je m’en rende compte…
Alors j’ai envoyé des messages, des petites blagues pour briser la glace et donner le ton parce que j’ai horreur du small talk.
Je savais bien que j’arrivais là dedans avec une candeur probablement inhabituelle pour une meuf de mon âge, et que tout le monde était habitué aux codes, blasé ou à son aise.
J’ai donc rapidement dit à tous ceux à qui je parlais que je venais de m’inscrire pour la première fois sur une appli de rencontre histoire de pas avoir trop l’air idiote et aussi parce que j’aime bien jouer cartes sur tables.
C’était un peu pareil la dernière fois que j’ai été célibataire : je l’avais pas été depuis mes 18 ans, j’ignorais tout du dating puisque la dernière fois qu’on m’avait séduite c’était pour m’embrasser sous le préau et qu’on soit instantanément ensembles, j’étais donc telle un jeune chiot lâché dans une meute de mecs blasés de la rencontre.
Parler à des mecs sur des applis de rencontre m’a fait le même effet, je savais bien que j’étais candide et que je savais pas me méfier comme il faut.
Mais j’avais pas envie de prétendre être celle que j’étais pas.
J’ai commencé à parler à 5 mecs qui me plaisaient, sans savoir que parmi eux se cachait un Loup, un vrai, le genre à qui on pourrait consacrer un documentaire…
(Mais ça ça fera l’objet d’un article à part.)
J’ai donc commencé à discuter et je dois avouer que j’ai trouvé ça beaucoup plus chouette que ce que je pensais : pour la première fois de ma vie je me sentais pas intimidée parce que je suis hyper à l’aise sur les conversations en ligne, j’ai aucun mal à être moi même, mon humour passe bien et j’ai découvert comme ça que j’aimais énormément la séduction par écrit.
C’est aussi tombé à un moment où je suis partie à l’étranger et ça a très agréablement occupé le temps que j’ai passé dans les transports puisque je discutais avec des mecs vraiment chouettes qui me faisaient bien marrer.
C’était rigolo.
Moi qui avait toujours pensé que ce serait super malaisant j’ai été surprise, et j’adore quand la vie me surprend.
A tel point que je voyais pas l’iceberg arriver…
Pourtant l’étape suivante logique.
Le dating
La suite dans un prochain épisode…
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