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Parentalité - Féminisme - Influence - 3615 Ma Vie

Octobre rage

Ça a commencé un soir au début du mois où j'ai cliqué sur le hashtag #octobrerose sur Instagram.

Qu'est ce que j'avais pas fait là...

Un camaïeu d'illustrations dégueulasses générées par IA pour promouvoir des concours, des packs de cosmétiques, des collections de bracelets rose, de bougies à la rose, de pensées "aux femmes qui se battent" au mieux maladroites au pire carrément gênantes.

De la récupération marketing en veux tu en voilà dans l'indécence la plus totale.

Sinon on nous bassine de récits transformatifs de femmes qui ont redécouvert la vie grâce à cette épreuve, qui courent des marathons, de modèles héroïques des bonnes malades en oubliant de dire qu'elles ont les moyens matériels et sociaux d'y parvenir.

Il faudrait transformer sa maladie en exploit, préférer la performance à la vulnérabilité.

Le cancer comme un cadeau emballé avec une saleté de ruban rose.

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Alors ça va mieux ?

Dans la mythologie grecque quand on descend en enfer et qu’on en revient ça a un coût important, et je ne sais pas encore ce que ça m’a coûté.

Quelle nouvelle version de moi même je vais être : plus anxieuse avec ce que j’ai vécu ? Moins anxieuse parce que ça m’a poussée à prendre ça vraiment en main ? Plus empathique ? Plus éloignée des autres pour me protéger ? Moins indulgente ? Plus indulgente ? Moins à l’écoute ? Plus à l’écoute ?

C’est une énigme qui m’accompagne chaque jour : la cicatrice ne sera pas seulement sur ma peau, elle sera dans ma manière d’être au monde.

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La connaissance

J'ai beaucoup beaucoup appris sur le cancer du sein ces 3 derniers mois et je dois dire qu'aujourd'hui avoir engrangé tout ce savoir m'aide énormément à rationaliser ma peur.

Je comprends comment fonctionne la maladie, les traitements, leur fonctionnement, leur utilité.

Je sais de quoi je dois avoir peur, ma peur n'est plus irrationnelle, mon esprit connait les signes à surveiller, sait où aller quand il y a un doute, je sais comment me rassurer.

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Le verdict

Je suis assise sur la table, bien droite, seins nus et jean baskets, je regarde l'interne et je lui dis que je ne bougerais pas de là tant que je n'aurais pas eu mes résultats.

Il a l'air bien embêté, me dit que seul un chirurgien peut me les donner, alors je lui réponds avec le sourire :

"Et bien allez en chercher un, je ne bouge pas d'ici, j'ai tout mon temps"

Ça fait 3 mois que j'attends systématiquement des jours voire des semaines de trop, à en perdre le sommeil, des résultats médicaux disponibles.

Aujourd'hui j'en ai marre.

Le premier résultat que j'attends pour savoir si je vais devoir faire de la chimio est arrivé, je le veux.

Et puis qu'est-ce qu'il va faire ? Appeler la sécurité pour qu'ils sortent une jeune femme de 45kg seins nus qui va faire un scandale dans la salle d'attente parce qu'elle réclame ses résultats disponibles ?

Je ne libèrerai pas cette salle d'examen tant que je ne les aurais pas, point.

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Les autres

"L'enfer c'est les autres" quand j'ai découvert cette phrase au lycée elle me parlait tellement.

Mon rapport aux autres a beaucoup changé depuis, et a pris un tournant inédit pendant la maladie cet été.

Voilà 3 longs mois que cette épreuve est pour moi une source d'observation inédite de mon rapport aux autres et que je constate que ça peut être un véritable catalyseur des relations humaines.

On n'est finalement pas toujours soutenus et déçus ou blessés par ceux qu'on attendait...

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Where is my mind ?

C'était d'ailleurs assez étrange cet été de faire ce parcours de diagnostic de mon cancer en parallèle de ce parcours psychiatrique, ça en dit long sur l'état de la santé mentale et sa prise en charge en général.

Pour comprendre au mieux ce cancer j'ai fait une mammographie, une échographie, puis une biopsie, une seconde échographie, une angiomammographie, une tumorectomie, puis il y a eu un bilan anapat de cette tumeur, et elle vient d'être envoyée en Californie pour qu'on analyse ses gènes et mon risque de récidive et l'utilité potentielle d'une chimio.

Que des techniques de pointe, des appareils impressionnant, des analyses ADN dernier cri et une analyse par Intelligence artificielle, c'est assez fou.

Pour diagnostiquer mon TDAH j'ai fait quoi ?

J'ai rempli un questionnaire. Point.

Pour me prescrire un traitement qui va modifier la chimie de mon cerveau réputé être l'organe de pointe de notre corps j'ai répondu à des questions.

C'est tout.

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La bonne et la mauvaise nouvelle

Je suis là, dans la salle d'attente des urgences de l'hôpital où je suis suivie pour mon cancer du sein, je regarde la rangée de sièges bleus et jaunes vides devant moi, je suis un peu hébétée, fiévreuse.

Je pense à ma vie, j'ai l'impression que tout allait mieux, que je sortais la tête de l'eau, que j'étais motivée, en parcours de diagnostic pour mes problème liés à mon TDAH, j'étais pleine de nouveaux projets, amoureuse.

Et paf je suis tombée dans un trou, aspirée par une longue descente et je me retrouve dans un monde dont je ne voulais rien savoir, où je croise des personnes que je ne voulais pas croiser et que telle Alice qui avance coûte que coûte pour retrouver le chemin de sa maison après avoir beaucoup pleuré, j'espère me réveiller de ce cauchemar.

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La guerre

"Tu vas pas te laisser faire je te connais tu es une battante" "Tu vas te battre" "Tu as un mental d'acier je me fais pas de soucis pour toi"...

Depuis que j'ai annoncé être atteinte d'un cancer du sein les messages de soutien pleuvent et j'en suis infiniment reconnaissante, car ça me fait chaud au coeur.

Mais je ne me reconnais pas du tout dans le vocabulaire qu'on emploie.

Mesdames et messieurs amateur·ices de vocabulaire guerrier sachez le : la maladie c'est mon tendon d'Achille.

Et je ne me sens nullement cette guerrière prête à s'arracher le sein au cutter telle une amazone des temps moderne pour aller livrer bataille sur son cheval.

Non, moi je me sens en proie à un ennemi invisible et silencieux, une vague boule molle que j'ai sentie un jour sous mon sein et pour laquelle je ne me suis pas sentie malade si ce n'est d'inquiétude.

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